• Dans la Gruyère, 26 mars 2009

    Les accros du café-tricot

    Condamné à disparaître, le tricot? Pas si sûr. Alors qu’il s’immisce dans les défilés de haute couture, à Châtonnaye, un club attire de plus en plus.

    http://www.lagruyere.ch/fr/le-journal/les-editions/2009/20090326/tricot.html

    A Châtonnaye, les cafés-tricot séduisent toujours plus d’amateures. (photo Jessica Genoud)

     Plus une seule place de libre pour se parquer devant la boutique Au bout du fil, ce mardi après-midi-là à Châtonnaye. A l’intérieur, un joyeux brouhaha émane d’une dizaine de femmes – jeunes et moins jeunes – installées autour d’une grande table. Devant et derrière elles: des pelotes de fil de toutes les couleurs et de toutes les matières, des aiguilles, des centimètres, des ciseaux, des modèles, des catalogues… Bienvenue au royaume du tricot!

     Ici, la reine s’appelle Monika Péclat. Sa boutique, elle l’a ouverte en automne 2007, au rez de l’ancienne banque. Au début, elle réalisait principalement des habits sur commande. Puis lui est venue l’idée de ces «cafés-tricot». «Je travaille dans un home, explique la Bernoise d’origine, installée de longue date dans le Sud fribourgeois. Comme je tricote pas mal durant les nuits, je me suis dit que ce serait sympa de proposer ça à d’autres.»

     Et le concept du «une maille à l’endroit, une maille à l’envers et un petit café entre amateures» semble séduire. Semaine après semaine, les lundis et mardis après-midi, habituées – comme Christine, de Chénens, une accro – ou nouvelles – comme Sylvette, qui vient depuis peu – prennent le chemin de l’ancienne banque pour passer quelques heures à croiser les aiguilles. En buvant du café, en mangeant des gâteaux et, surtout, en discutant. Pas seulement de point jersey, d’ailleurs… Dans la pièce d’à côté, les jeux des enfants ont bien du mal à couvrir les conversations et les rires.

     Dans un coin, Marianne, de Vallon, termine une jaquette à capuchon rose. «C’est pour ma petite-fille. Elle va naître en avril.» A côté d’elle, une dame soupire. «A ce rythme-là, je pourrai mettre mon manteau l’hiver prochain!» Avant de conseiller sa voisine, qui observe son œuvre d’un air perplexe: «Moi, je ferais encore trois tours. Non, deux, ça devrait suffire.» Car le concept réside là, également: dans le partage des connaissances et du savoir-faire. Et il semble y avoir autant de méthodes que de tricoteuses!
     «Monika, au secours!»

     Restée debout, la maîtresse des lieux papillonne entre ses hôtes. «Monika, au secours, je sais déjà plus faire ça…» «C’est pas compliqué: la deuxième, puis la première, là, tu la tricotes.» «Et la maille lisière, je la compte ou pas?» Pendant ce temps, la doyenne du jour, Marie-Jeanne, de Châtonnaye, s’attaque à sa couverture. Laborieusement. «Elle sait tricoter des pulls, mais il faut lui montrer comment faire une couverture», rigole la patronne de la boutique.

     Assurément, les cafés-tricot glânois semblent promis à un bel avenir. Et ce succès ne doit pas grand-chose aux hommes. «Ils ne sont pas interdits, en tout cas. Mais ils n’osent pas venir», sourit Monika Péclat. La Glânoise d’adoption ne compte d’ailleurs pas trop sur la gent masculine pour faire tourner sa petite entreprise.

     Au fait, ça marche, les affaires? «De mieux en mieux. Je compte bientôt diminuer le nombre de mes nuits au home.» Un espoir qui pourrait bien se concrétiser. Tapez «tricot» dans Google et 6 millions de résultats s’affichent… Autre signe, plus fiable: les fournisseurs de Monika Péclat lui assurent que les habits tricotés reviennent à la mode. Jusque sur les podiums des grands couturiers…


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